L’Europe et les virus

Par Jean-Claude Houdoin

Je ne veux pas tomber dans la facilité, comme le font les commentateurs qui envahissent nos médias pour dire tout et son contraire sur la pandémie, mais regarder les faits. Avec un bilan qui ne cesse de s’alourdir nous portons tous le deuil d’un proche, d’un ami, d’une relation, nous sommes tous inquiets par cette interminable troisième vague et impatients d’en voir la fin. Après les masques, les tests, tel Perrette, on pleure sur les vaccins que l’on n’a pas, en oubliant que ceux-ci ont été développés avec une exceptionnelle rapidité, et que les produire demande du temps. Il est choquant d’entendre les âmes les plus généreuses réclamer d’être égoïstement les premiers servis : tant pis pour les autres, tant pis pour les pauvres ! Le chacun pour soi préconisé par certains et décliné au sein de l’Europe aurait eu des conséquences dramatiques pour les pays le plus petits et le plus démunis. La solidarité est une valeur à laquelle les citoyens sont attachés. La mission de négocier l’achat et de procéder à une répartition équilibrée et juste[1], confiée à la Commission est sage, même si elle permet à quelques-uns de se lancer dans une nouvelle campagne d’eurobashing.

L’ultranationalisme préconisé ici et là est aussi une variante d’un virus, certes d’une autre nature que le COVID, qui s’attaque à nos institutions, à notre société, à nos valeurs. Les régimes autoritaires dans leurs différentes formes : russe, chinoise, turque ou même brésilienne perçoivent la démocratie comme un danger pour le pouvoir qu’ils exercent, parfois au nom du peuple, mais toujours au profit de leurs dirigeants. Le fait que les démocraties occidentales ont été beaucoup plus touchées[2] par le virus devient un argument politique pour les régimes autocratiques de déclarer leur supériorité. Au sein même de l’Union, on observe aussi le développement de virus nationaliste en Hongrie, en Pologne et des variants, français, allemands, Italiens, belge, néerlandais … dont l’objectif est de restaurer des frontières, en s’appuyant sur le mythe d’une grandeur nationale perdue.

Pour répondre à la pression exercée par les dirigeants chinois ou russe pour contester l’organisation démocratiques de l’Europe, Mark Rutte et Pedro Sanches le 24 mars, à la veille du sommet européen, se sont réunis pour publier une tribune sur l’avenir de l’Union. Le libéral démocrate néerlandais, nouvellement renforcé par sa victoire aux élections législatives des 16 et 17 mars, et le premier ministre social-démocrate, dénoncent la dépendance asymétrique dans des secteurs stratégiques apparue lors de la crise sanitaire. Ils s’unissent pour promouvoir l’autonomie stratégique européenne confortant la position du président français. Le concept n’est pas limité au seul secteur de la défense, il intègre le marché intérieur, la transition climatique, la santé et le numérique.

Jean-Claude Houdoin,
Président du Mouvement européen – Paris

ANNEXE : vaccination 1 dose au 28/03/2021 dans les 27 pays de l’UE
Sources Wikipédia


[1] Le taux de première vaccination, exceptions faites de Malte (25,1 %) et de la Hongrie (19,7 %) sensiblement supérieures et de la Lettonie (5,4 %) et de la Bulgarie (5 %) sensiblement inférieures, tous les autres pays sont proches de la moyenne européenne (10,8 %). Voir annexe annexe Vaccinations 1ère dose au 28 mars 2021

[2] L’Union européenne représente 5,7 % de la population mondiale, mais 25,6 % du nombre de cas de covid 19 déclarés et 27,6 % des décès (Wikipedia au 28/03/2021)

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