« Est-ce important d’avoir une position commune de l’Union, ou bien pourrait-on faire tout aussi bien avec celles des États membres ? Après tout, lors de l’invasion de l’Irak par la coalition américaine en 2003, « les Européens se sont fracturés en deux camps structurés, rappelle un haut diplomate. Cela n’a pas empêché les autres travaux européens de continuer, sur le cadre financier notamment ». Mais pour lui, « les attentes des citoyens ont totalement changé depuis vingt ans ». Vu la situation actuelle au Proche-Orient, imaginerait-on que l’ordre du jour du Conseil européen s’arrête au cadre financier pluriannuel, à l’Ukraine et aux migrations ? Si les Européens se divisaient en deux camps, l’un soutenant uniquement Israël et l’autre la Palestine, comment réagirait-on ?
L’autre raison pour parler d’une seule voix, c’est la moindre présence des Etats-Unis. Le monde est davantage fracturé et les risques de sécurité sont plus grands. « Donc il y a une obligation de travail commun, pour trouver des moyens d’actions collectives à grande échelle, pour avoir une chance de peser au Proche-Orient », ajoute cet émissaire, pour qui la situation internationale « oblige progressivement les Européens à se constituer une doctrine de politique étrangère complète. Mais ce n’est pas aussi facile que de faire du Nescafé ». Le chancelier Olaf Scholz allait dans le même sens, jeudi : « nous ne serons significatifs dans un monde qui comptera bientôt dix milliards d’habitants que si nous unissons nos 400, voire 500 millions d’habitants et le faisons d’une seule voix », a-t-il déclaré.
Malgré le côté croquignolesque de leurs discussions, au final, « les 27 arrivent à s’unifier sur des choses qui ne sont pas si claires dans les débats nationaux », poursuit le diplomate… »
(Jade Grandin de l’Eprevier dans l’Opinion du 27 octobre 2023 et le merveilleux dessin de Kak)