Nous sommes encore sous le choc d’une pandémie qui n’en finit pas, mais qui a mis l’accent sur les faiblesses d’une Europe où le domaine de la santé relève de la compétence des Etats membres et non de l’Union européenne. Celle-ci ne peut intervenir qu’en appui des politiques nationales. Depuis octobre 2012, l’article 168 du TFUE[1], donne cependant des pouvoirs à l’Union européenne pour encourager la coopération entre Etats-membres. Toujours dans le domaine de la santé, l’Agence européenne du médicament, basée à Amsterdam a aussi pour mission d’autoriser le lancement des médicaments les plus innovants sur le marché européen. Dans le respect des traités l’UE a décidé
10 mesures[2] pour lutter contre la pandémie, dont les plus importantes concernent le soutien à l’économie et les programmes de relance, développés par Robin Degron lors de la Conférence que nous avions organisée mardi 19 janvier.
Le domaine de la santé n’est hélas pas le seul où il serait nécessaire d’élargir les compétences de l’Union. Même si depuis le TFUE, la répartition des compétences entre les Etats-membres et l’Union est devenue plus précise : exclusives, partagées ou d’appui ; il n’en demeure pas moins que le décalage entre la puissance économique de l’Union et son pouvoir politique : se faire entendre, défendre ses valeurs, devient un peu inaudible.
L’arrivée de l’administration Biden à la Maison blanche, va rendre le dialogue UE/EU plus courtois qu’avec le président Trump, mais peut aussi retarder la prise de conscience de certains européens de la nécessité d’une défense européenne plus autonome. Renforcer le pilier européen au sein de l’Alliance atlantique est peut-être une étape intermédiaire à franchir avant d’envisager une souveraineté stratégique européenne.
La Chine et la Russie affirment désormais avec une forte conviction leur choix d’un pouvoir autoritaire opposé aux organisations démocratiques de la société. L’efficacité dont la Chine et d’autres pays asiatiques ont fait preuve pour maîtriser la pandémie devient, pour la première, un argument pour affirmer son rôle de grande puissance et contester le leadership occidental.
Le recentrage de la politique américaine vers le Pacifique, amorcée par le président OBAMA et accéléré par Donald Trump, va se poursuivre et devrait encourager l’Europe à se montrer plus active dans sa politique de voisinage et vers la Méditerranée et l’Afrique.
Dans moins d’un an, la France exercera la Présidence tournante de l’Union, il lui appartiendra de faire progresser la souveraineté européenne.
Jean-Claude Houdoin
Président
[1] Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne
[2] 1. Fermeture des frontières aux voyages non essentiels
2. Création d’une réserve d’urgence (« Rescue ») pour l’achats d’équipements médicaux et de vaccins
3. Financement de 18 projets de recherche et de 151 équipes mobilisées pour la recherche de médicaments et de vaccins
4. Aide financière d’urgence
5. Plan de Relance (« New Generation EU ») de 750 milliards d’euros et politique de « Quantitative easing » de 750 milliards d’ »euros décidés par la BCE
6. BCE, soutien de l’économie par une politique de Q.E. ( « quantitative easing ») de 750 milliards d’euros
7. Protéger l’emploi par le soutien du programme « SURE » et déblocage de fonds pour les investissements stratégiques
8. Rapatriement des citoyens de l’Union bloqués lors du premier confinement
9. Aide de 20 milliards d’euros pour le spays pauvres touchés par la pandémie
10. Lutte contre les « fakes news »