Le 6 novembre 2024, Adina Revol, autrice et ancienne porte-parole de la Commission européenne en France, présentait son nouvel ouvrage « Rompre avec la Russie : Le réveil énergétique européen » dans les locaux de la Sorbonne.
L’énergie est un enjeu géopolitique puissant. La récente guerre menée par la Russie en Ukraine a redéfini les relations énergétiques au sein de l’Europe, mais aussi entre l’Europe et le reste du monde.
Dans son ouvrage, Adina Revol décrit de quelle manière la Russie, dans une logique impérialiste, a utilisé le gaz comme un levier de pression sur l’Europe. Selon elle, la dépendance énergétique européenne, notamment vis-à-vis du gaz russe, a toujours été un outil pour affaiblir la solidarité intra-européenne. « La Russie a continuellement cherché à diviser l’Europe en jouant de la carte du gaz comme instrument de chantage » affirme l’autrice..
De l’Ostpolitik à la guerre en Ukraine
Pour autant, tous les pays d’Europe n’ont pas toujours eu la même défiance vis-à-vis de la Russie. Willy Brandt, ancien chancelier allemand, a initié avec son Ostpolitik une normalisation des relations avec la Russie pendant la guerre froide. Avant l’invasion de l’Ukraine, la Russie fournissait 45 % du gaz importé en UE.
Mais la guerre en Ukraine et la prise de conscience qui s’en est suivie ont mis fin à cette dynamique. « L’Europe a su montrer que, face à une menace, elle était capable de se mobiliser » souligne Adina Revol, « En quelques semaines, des décisions ont été prises pour sortir du gaz russe. L’an dernier, Gazprom a enregistré des pertes financières, pour la première fois de son histoire ». Attention, toutefois, à ne pas « rompre avec la Russie pour aller vers la Chine ».
S’affranchir du chantage énergétique russe : l’Europe en bonne voie
Cette rupture avec la Russie, soulignée dans le titre du livre, signifie la fin de l’Ostpolitik et marque un tournant décisif dans les relations géopolitiques mondiales. Aujourd’hui, soit plus de deux ans après l’invasion russe en Ukraine, seulement 8 % du gaz consommé en Europe provient de la Russie.
Mais qu’en sera-t-il demain ? Adina Revol plaide pour une révolution des prix de l’énergie en Europe car, selon, elle ce n’est qu’en rendant l’énergie plus abordable que l’UE pourra atteindre l’autonomie stratégique. Elle souligne que de nombreux États membres ont basé leur compétitivité sur les prix bas du gaz russe, ce qui complique la transition énergétique. La nécessité de réformes comme le Pacte vert et le plan RePower EU pour sortir de cette dépendance paraissent aujourd’hui indispensables.
Le financement public-privé comme réponse aux défis de demain
Sortir de la dépendance, cela signifie aussi développer des sources d’énergie alternatives, parmi lesquelles le Gaz Naturel Liquéfié (GNL), l’hydrogène, et les petits réacteurs nucléaires. Pour cela, la Banque européenne d’investissement (BEI) a un rôle à jouer.
Malgré les nombreux défis, Adina Revol reste optimiste. L’Europe a su réagir de manière unie face à des crises passées (comme la pandémie de Covid-19) et, même si le budget européen reste faible – seulement 1 % de la richesse commune de l’UE – des solutions de financement privé-public pourraient permettre d’initier les réformes nécessaires.